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Thomas Roussel

alias Prequell

Inspirations, expirations

Quel est le point commun entre Dior, les JO de Paris 2024, le pionnier de la techno Jeff Mills et le label Ed Banger ? Réponse : le chef d’orchestre et compositeur Thomas “Prequell” Roussel.

Ce boulimique de travail formé au Conservatoire œuvre à l’ombre des projecteurs depuis une quinzaine d’années. À son actif, il compte aujourd’hui plus d’une dizaine de B.O. de films, ainsi que l’habillage sonore d’une trentaine de défilés de mode et de publicités dont certaines pour Dior, Chanel et Disney.

Après quelques années passées en duo avec SomethingALaMode, Roussel évolue désormais en solo sous le nom de Prequell, un projet mêlant musique électronique et orchestration classique. Son album The Future Comes Before (2017) et son live pour Paris 2024 en ont fait l’une des révélations musicales les plus séduisantes et ambitieuses de l’année.

Après OrelSan et Mélissa Laveaux, c’est donc au tour de Prequell de nous révéler ses inspirations culturelles. L’occasion de découvrir les disques, les œuvres graphiques et les explorations culinaires qui accompagnent l’homme qui balaye d’un coup de baguette tous les clichés adossés à sa profession…

Quel est ton livre de chevet en ce moment ?

“En ce moment, c’est Homo Deus, un livre de Yuval Noah Harari, suite à son Homo Sapiens que j’ai lu précédemment. Ce n’est pas une fiction mais un livre sur notre espèce humaine, notre avenir possible, l’intelligence artificielle. Je trouve ça très inspirant !”

→ en savoir plus sur le livre Homo Deus de Yuval Noah Harari

Quel est, selon toi, le disque de chef d’orchestre ou de musique classique qu’il faut avoir écouté au moins une fois dans sa vie ?

“Souvent, à tort peut-être, je ne fais pas trop attention à qui a dirigé ou interprété telle ou telle oeuvre. Je m’intéresse plus à qui l’a composée. Après, il y a bien sûr des versions que j’aime, et d’autres que je n’aime pas… Des choix de tempos, de nuances… Pour moi, la plus belle chose qui soit, tout art confondu, est le Requiem de Duruflé, version choeur et orchestre (la version orgue et orchestre est un peu chiante…).”

→ écouter le Requiem de Duruflé (version choeur et orchestre)

En tant que producteur, quel est, selon toi, le disque le mieux arrangé de tous les temps ?

“Sans surprise, je vais dire Michael Jackson, mais c’est dur de choisir un album. Comme il a sorti un album solo tous les quatre ans, chaque génération a son album préféré, souvent lié à l’adolescence… Pour moi, même si Quincy Jones (et Bruce Swedien) ont fait des miracles sur les précédents, je dirais Dangerous (1991)”

→ (ré)écouter l’album Dangerous de Michael Jackson

Quel défilé de mode récent t’a le plus inspiré ?

“J’aime toujours beaucoup les scénographies radicales et grandioses de Chanel. J’ai eu beaucoup de chance de composer pour deux de leurs défilés, en 2011 et 2012, et j’espère que l’occasion se représentera à nouveau. Mais celui qui m’a le plus marqué et qui m’a le plus plu, c’est quand j’ai pu disposer l’orchestre symphonique en ligne droite pour Dior Homme, en 2015.

Ce fut une première mondiale, avec quelques défis techniques/musicaux à relever, puisqu’aucun des musiciens ne pouvait voir le chef d’orchestre, ni voir les autres musiciens. Il a fallu que je crée un dispositif pour que ça fonctionne.”

→ regarder une vidéo du défilé Dior Homme 2015

Le spot publicitaire du parfum Aura de Mugler habillé avec le morceau “Part V” de Prequell

Quelle est la publicité récente dont tu aurais aimé faire la synchro ?

“N’ayant pas la télé, je ne suis pas trop l’actualité des publicités. Mais j’ai beaucoup de chance que mon morceau “Part V” ait été choisi pour Aura de Mugler. C’est aujourd’hui l’un des meilleurs moyens pour que la musique arrive à l’oreille du grand public…”

→ regarder le live de Part V pour les JO de Paris 2024

Le live en intégralité de Blue Potential, le projet de Jeff Mills avec l’orchestre philharmonique de Montpellier.

Tu as collaboré avec Jeff Mills dont l’oeuvre est titanesque. Lequel de ses projets recommanderais-tu en particulier ?

“En 2004, nous avons créé Blue Potential ensemble, qui était, je crois, une des toutes premières oeuvres techno/symphonique, avec 80 musiciens. Elle est toujours disponible sur toutes les plateformes. Depuis, l’oeuvre a évolué (on a supprimé/ajouté des morceaux) et s’appelle désormais Light from the outside world. On la joue encore très régulièrement en live, et c’est toujours un moment assez magique !”

→ écouter l’album Blue Potential de Jeff Mills

Y a-t-il une exposition ou un artiste d’art contemporain que tu recommandes d’aller voir en ce moment ?

“Sans hésiter : Daniel Arsham, qui m’a complètement touché avec ses “oeuvres archéologiques du futur”. Elles ont inspiré la plupart des morceaux de mon album de Prequell, The Future Comes Before. Daniel et moi avons un projet en cours d’ailleurs…”

→ regarder le compte Instagram de Daniel Arsham

Le duo d’illustrateurs Violaine et Jérémy a réalisé la pochette de ton EP. Quel est le dernier projet graphique que tu as aimé ?

“J’aime beaucoup ce qu’ils font, ils sont très talentueux. Avec Instagram, je suis beaucoup de comptes d’artistes graphiques ou d’artistes contemporains, et je m’en nourris tous les jours pour créer ma musique. C’est aussi pour moi une manière de ne pas m’inspirer de musique, et de ne pas copier. Actuellement, je suis assez fasciné par les oeuvres de Randy Cano.”

→ regarder le compte Instagram de Randy Cano

Tu as participé à beaucoup de bandes-son de films. Y a-t-il un film, ou un compositeur qui inspire ta musique
?

“Difficile de ne pas reconnaître la suprématie actuelle d’Hans Zimmer en termes de sound design. J’aime beaucoup ce qu’ils ont fait par exemple dans le nouveau Blade Runner. Mais Hans ne m’a jamais réellement touché en tant que mélodiste ou harmoniste. Je préfère par exemple des compositeurs tels que Nils Frahm, Olafur Arnalds, ou le regretté Johann Johannsson…”

→ regarder le live de Nils Frahm au Montreux Jazz Festival de 2015

Dans une interview pour Munchies, le chef étoilé Massimo Bottura disait que la musique Jazz était l’une des plus grandes inspirations au moment de composer ses plats. À l’inverse, y a-t-il un restaurant, un plat, une recette qui te bouleversent ?

“Je découvre petit à petit le milieu de la gastronomie et je dois avouer que ça me plait bien ! Dernièrement, j’ai composé une oeuvre qui illustrait en live la composition de plats exécutés par le génial Frederic Anton, chef 3 étoiles du Pré Catelan. C’était vraiment une grande expérience, en plus d’une vraie découverte pour moi.”

→ en savoir plus sur le Pré Catelan

Le samedi 31 mars, le label Ed Banger a fêté ses 15 années d’activités. À cette occasion et sur une idée originale de Pedro Winter, l’Orchestre Lamoureux dirigé par Thomas Roussel a revisité tous les plus grands hits du label au Grand Rex.

Ed Banger fête ses 15 ans avec l’Orchestre Lamoureux dirigé par Thomas Roussel, dans un concert unique filmé par Culturebox

L’album The Future Comes Before est également disponible sur toutes les plateformes de streaming.